Anxiété et dépression dans un monde en souffrance
La situation actuelle est marquée par de nombreuses crises simultanées : pandémies, guerres, famines, inégalités sociales, catastrophes climatiques… Ces événements bouleversent nos vies et fragilisent notre équilibre psychologique.
Il est normal, dans ce contexte, de se sentir stressé, anxieux ou déprimé. La santé mentale est directement liée aux incertitudes collectives, et les enquêtes récentes (CoviPrev, Santé publique France, 2025) montrent une hausse continue de l’anxiété et des syndromes dépressifs dans la population française.
Comment prendre soin de sa santé mentale ?
Quelques principes simples, validés par les recherches en psychologie et en santé publique, peuvent aider à préserver son bien-être :
- Restez en lien avec vos proches : l’isolement est un facteur de risque majeur de dépression. Parler de ce que l’on ressent, partager ses émotions, permet de réduire le poids de l’anxiété.
 - Aidez ceux qui en ont besoin : l’entraide et l’altruisme favorisent un sentiment d’utilité et renforcent la résilience.
 - Filtrez l’information : rester informé est nécessaire, mais l’exposition continue aux nouvelles anxiogènes entretient le stress. Fixez-vous des moments précis pour consulter l’actualité. Evitez l’excès d’écrans, ne scrollez pas trop.
 - Limitez alcool et tabac : ces consommations peuvent donner une illusion de soulagement, mais aggravent sur le long terme les troubles anxieux et dépressifs. L’alcool est en effet dépressogène.
 - Prenez soin de votre corps : l’activité physique régulière, un sommeil de qualité et une alimentation équilibrée sont les piliers de la santé mentale.
 
Consulter est une bonne façon de prendre soin de vous
Malgré tout, il est possible que ce soit trop difficile. Des lignes d’aide psychologique gratuite par téléphone existent et peuvent vous aider. Une consultation peut aussi vous aider.
Santé Publique France a lancé, avec BVA, l’enquête CoviPrev visant à suivre l’évolution des comportements (gestes barrières, confinement) et de la santé mentale en population générale (bien-être, troubles), ainsi que leurs principaux déterminants.
La santé mentale de la population française est toujours compromise :
Enfants (3–11 ans)
Chez les 3 à 6 ans, environ 8,3 % présentent des difficultés émotionnelles, oppositionnelles ou d’inattention (Sénat, 2024).
Chez les 6 à 11 ans, la prévalence grimpe à 13 % : troubles émotionnels (5,6 %), troubles oppositionnels (6,6 %) et troubles de déficit de l’attention (3,2 %) (Sénat, 2024).
Entre 2015 et 2022, la prescription d’antidépresseurs et de régulateurs de l’humeur a augmenté de 61 % chez les moins de 14 ans (Sénat, 2024).
Adolescents (collégiens et lycéens)
Selon l’enquête EnCLASS (2018-2022), seuls 59 % des collégiens et 51 % des lycéens présentent un bon niveau de bien-être mental (EnCLASS, 2022).
Les plaintes psychologiques et somatiques récurrentes sont en hausse, particulièrement chez les filles (EnCLASS, 2022) chez qui l’on observe une forte augmentation des automutilations (scarifications …).
Concernant la crise suicidaire, 24 % des élèves déclarent avoir eu des pensées suicidaires (31 % chez les filles contre 17 % chez les garçons), et environ 10 % des lycéens disent avoir tenté de se suicider (EnCLASS, 2022).
Jeunes adultes (18–24 ans)
Entre 2014 et 2021, les pensées suicidaires ont plus que doublé chez les 18–24 ans, passant de 3,3 % à 7,2 % (Le Monde, 2024).
La prévalence des épisodes dépressifs caractérisés (EDC) est passée de 11,7 % en 2017 à 20,8 % en 2021 (Statista, 2022).
Une autre enquête indique qu’environ 41 % des étudiants présentent des symptômes dépressifs (contre 26 % avant la pandémie), et que les idées suicidaires chez les 18–24 ans sont passées de 21 % à 29 % (Observatoire national de la vie étudiante [OVE], 2022).
Adultes (18–85 ans)
En 2021, 12,5 % des adultes de 18 à 85 ans ont vécu un épisode dépressif caractérisé au cours des 12 derniers mois (Statista, 2022).
Selon Santé publique France (2025), la prévalence annuelle des troubles anxieux est estimée à 15 % et celle des syndromes dépressifs autour de 6 %.
La distribution par âge montre : 15 % chez les 18-24 ans, 11 % chez les 25-64 ans et 7 % chez les 65-85 ans (Santé publique France, 2025).
Population générale & salariés
Globalement, un Français sur trois montre des signes de souffrance psychologique, un taux qui atteint 54 % chez les moins de 35 ans (Conseil national de l’Ordre des médecins, 2023).
En 2025, 25 % des salariés déclarent être en mauvaise santé mentale, un chiffre stable depuis 2024 (Malakoff Humanis, 2025).
Conclusions
Les données montrent une dégradation rapide et préoccupante de la santé mentale, particulièrement chez les plus jeunes, avec des taux élevés de dépression et d’idées suicidaires.
Chez les actifs, un quart des salariés est en situation de fragilité psychologique, confirmant que la santé mentale constitue désormais un enjeu majeur de santé publique et économique.
Quand devient-il nécessaire de chercher de l’aide?
De façon générale, il est possible de surmonter les réactions de stress, d’anxiété et de déprime. Par contre, il se peut qu’après un certain temps (semaines ou mois), les malaises persistent et s’aggravent. Les signes qui suivent peuvent être un indicateur que votre état s’aggrave : idées noires, stress, anxiété, insomnies, ruminations….
La présence de plusieurs de ces signes peut démontrer que vos ressources personnelles ne vous permettent plus de gérer vos inquiétudes au quotidien. Il pourrait alors être bénéfique pour vous d’aller chercher de l’aide.
Dans cette période d’incertitudes, si vous ressentez un mal-être ou des difficultés n’hésitez pas à consulter, quelques séances peuvent vous permettre d’améliorer durablement votre état psychique.
En cas de difficulté, veuillez consulter un professionnel de santé qualifié.
En cas d’urgence : appeler le 3114 ou les services d’urgence 15.
Ne pas rester seul·e ; retirer l’accès aux moyens létaux ; contacter un proche.
Sources
- 
Conseil national de l’Ordre des médecins. (2023). État des lieux et prise en charge de la souffrance psychologique. https://www.ordre-medecins.org
 - 
EnCLASS. (2022). Enquête nationale en collège et en lycée sur la santé et les comportements. Santé publique France.
 - 
Le Monde. (2024, 25 février). Idées suicidaires : les jeunes désormais plus touchés que la population générale. https://www.lemonde.fr
 - 
Malakoff Humanis. (2025). Baromètre santé mentale au travail. https://www.faceaurisque.com
 - 
Observatoire national de la vie étudiante (OVE). (2022). Enquête conditions de vie des étudiants.
 - 
Santé publique France. (2025). Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), n°14. https://beh.santepubliquefrance.fr
 - 
Sénat. (2024). Rapport sur la santé mentale des enfants et adolescents. https://www.senat.fr
 - 
Statista. (2022). Prévalence des épisodes dépressifs caractérisés en France. https://fr.statista.com
 
