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Économie de l’attention, neurocapitalisme et croissance des troubles du déficit de l’attention (TDAH)

Neurocapitalisme et troubles du déficit de l’attention (TDAH)

Le lien entre croissance des troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et l’économie de l’attention ainsi que le neurocapitalisme suscite des débats et des discussions. Voici plusieurs arguments souvent avancés pour établir ce lien :

Expansion de l’économie de l’attention : L’économie de l’attention fait référence à un système économique dans lequel l’attention des individus devient une ressource précieuse et une marchandise échangeable. Dans ce contexte, les plateformes numériques et les médias sociaux utilisent des techniques pour capter l’attention des utilisateurs et maximiser leur temps d’exposition à des contenus, souvent à des fins commerciales. Certains soutiennent que cette expansion de l’économie de l’attention contribue à une augmentation des troubles de l’attention, tels que le TDAH, car les individus sont constamment bombardés d’informations et de stimuli distractifs.

 

Sur-stimulation technologique : Dans la société moderne, nous sommes constamment entourés de technologies numériques, de smartphones, d’applications et de jeux interactifs. Ces dispositifs offrent des récompenses instantanées et une stimulation constante, ce qui peut rendre difficile la focalisation de l’attention sur des tâches plus longues ou ennuyeuses. Certains pensent que cette sur-stimulation technologique peut avoir un impact sur le développement des capacités d’attention chez les enfants et les adultes, ce qui peut favoriser l’apparition ou l’aggravation des symptômes du TDAH.

 

Pressions socio-économiques : Le neurocapitalisme fait référence à l’exploitation commerciale des connaissances et des avancées en neurosciences. Certains avancent l’idée que les pressions socio-économiques de notre société moderne, axée sur la performance et la productivité, peuvent contribuer à l’augmentation des cas de TDAH. Les exigences d’une société compétitive peuvent créer des environnements stressants et exigeants qui ne sont pas favorables à la concentration et à l’attention soutenue.

 

Publicités et médicaments : Certains critiquent le rôle de l’industrie pharmaceutique dans la croissance du TDAH, en particulier en ce qui concerne la prescription de médicaments stimulants, tels que le méthylphénidate (Ritaline). Ils considèrent que les intérêts commerciaux et les campagnes de marketing influencent la prévalence du TDAH en favorisant la médicalisation excessive des symptômes d’inattention et d’hyperactivité (disease mongering).

La relation entre le TDAH et l’économie de l’attention est complexe

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les facteurs qui contribuent à la prévalence croissante du TDAH et de ses symptômes. On lira avec intérêt le livre d’Yves CITTON « L’économie de l’attention, un nouvel horizon du capitalisme »  La découverte Paris 2014. Cependant, ces arguments ne sont pas universellement acceptés et le sujet pose question. Les débats juridiques entre les réseaux sociaux et la santé mentale des adolescents ont été au cœur des préoccupations ces dernières années. Voici un résumé des principaux points de débat et quelques conclusions envisageables dans un avenir proche :

  1. Responsabilité des plateformes : Une question clé est de savoir dans quelle mesure les réseaux sociaux sont responsables des problèmes de santé mentale des adolescents liés à leur utilisation. Certains soutiennent que les plateformes devraient être tenues responsables de la conception de leurs produits et de leur impact sur la santé mentale, tandis que d’autres estiment que la responsabilité incombe davantage aux utilisateurs et à leurs parents.
  2. Effets néfastes sur la santé mentale : Il existe des suspicions concernant les effets néfastes des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents. Des études suggèrent une corrélation entre une utilisation excessive des réseaux sociaux et des problèmes tels que la dépression, l’anxiété, le cyberharcèlement et une mauvaise estime de soi. Des actions juridiques sont en cours aux USA contre les plateformes. Cependant, il convient de noter que la relation de cause à effet n’est pas toujours clairement établie et que d’autres facteurs peuvent également contribuer à ces problèmes de santé mentale.
  3. Protection des mineurs : Les débats portent également sur la nécessité de protéger les adolescents des contenus inappropriés ou nuisibles sur les réseaux sociaux. Des questions de réglementation et de censure se posent, avec des appels à des mesures plus strictes pour limiter l’accès des mineurs à certains types de contenus, tels que la violence, la pornographie ou les discours de haine.
  4. Consentement éclairé et confidentialité : L’utilisation des données personnelles des adolescents par les réseaux sociaux suscite des préoccupations quant au consentement éclairé et à la protection de la vie privée. Certains soutiennent que les plateformes devraient être plus transparentes quant à la collecte et à l’utilisation des données, en particulier celles des mineurs, et que des mesures de protection renforcées devraient être mises en place.

Dans un avenir proche, il est probable que nous assistions à une réglementation accrue et à des mesures de protection renforcées concernant les réseaux sociaux et la santé mentale des adolescents. Les législateurs et les organismes de réglementation pourraient imposer des normes plus strictes en matière de protection des mineurs, de confidentialité des données et de transparence de la conception « addictive » (UI/Ux) des plateformes.

Les efforts pour sensibiliser à l’utilisation saine des réseaux sociaux et pour promouvoir la littératie numérique auprès des adolescents sont également susceptibles de se renforcer. L’accent sera mis sur la collaboration entre les gouvernements, les entreprises technologiques, les chercheurs et les professionnels de la santé mentale pour trouver un équilibre entre les avantages des réseaux sociaux et la protection de la santé mentale des adolescents.

Une ressource intéressante, l’Observatoire de la Parentalité & de l’Éducation Numérique (OPEN) est la première association française 100% mobilisée autour de l’accompagnement des parents et des professionnels sur les sujets de parentalité numérique. https://www.open-asso.org/

  1. Expansion de l’économie de l’attention :

Economie de l’attention et Design d’attention (1/2) : Avons-nous perdu la liberté de nous concentrer ? https://mbamci.com/economie-de-l-attention-et-design-dattention-1-2-avons-nous-perdu-notre-liberte-de-nous-concentrer/

Harris, T. (2016). How technology hijacks people’s minds: A design ethicist’s thoughts. Retrieved from: https://medium.com/swlh/how-technology-hijacks-peoples-minds-from-a-magician-and-google-s-design-ethicist-56d62ef5edf3

Wu, T. (2016). The Attention Merchants: The Epic Scramble to Get Inside Our Heads. Knopf.

  1. Sur-stimulation technologique :

Christakis, D. A. (2014). Interactive media use at younger than the age of 2 years: Time to rethink the American Academy of Pediatrics guideline? JAMA Pediatrics, 168(5), 399-400.

Lillard, A. S., Lerner, M. D., Hopkins, E. J., Dore, R. A., Smith, E. D., & Palmquist, C. M. (2015). The impact of pretend play on children’s development: A review of the evidence. Psychological Bulletin, 142(1), 1-34.

Ces sources abordent les effets de l’économie de l’attention et de la sur-stimulation technologique sur l’attention des individus.