Objectif général
Face à la surexposition croissante des enfants aux écrans, le Président de la République a missionné une Commission d’experts en janvier 2024 pour :
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évaluer les risques sanitaires, éducatifs et sociaux,
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proposer des mesures concrètes et systémiques,
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engager une stratégie collective de protection, d’éducation et d’émancipation numérique.
Principaux constats
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Présence massive des écrans dans le quotidien des enfants (10 écrans par foyer en moyenne).
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Effets négatifs avérés sur la santé :
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troubles du sommeil,
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sédentarité, obésité,
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fatigue visuelle et exposition à la lumière bleue.
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Risques pour le développement :
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retard du langage lié à la « techno-férence » (interactions parent/enfant perturbées),
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effets psychologiques possibles à l’adolescence (anxiété, dépression).
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Contenus inadaptés facilement accessibles :
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pornographie, violence extrême, stéréotypes sexistes, pédocriminalité.
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Addiction pas encore reconnue, mais usage problématique croissant, surtout chez les plus vulnérables.
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Régulation actuelle insuffisante, besoin d’une stratégie d’ensemble, dépassant la seule responsabilité parentale.
6 axes structurants
Axe 1 – Lutter contre les services numériques « captateurs »
Objectif : Libérer les enfants des mécanismes addictifs.
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Interdire les services fondés sur la captation de l’attention.
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Réguler les modèles économiques opaques (ex. : microtransactions, lootboxes).
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Promouvoir des alternatives éthiques (open source, non lucratives).
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Impliquer recherche et société civile pour co-construire une régulation efficace.
Fiche pratique : Régulation
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Interdire les designs trompeurs et jeux à microtransactions.
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Affichage clair des paramètres de confidentialité.
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Obligation d’audit des impacts psychologiques.
Axe 2 – Aller au-delà du contrôle parental
Objectif : Déployer des solutions techniques globales de protection.
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Développer des systèmes interopérables pour filtrer tous les accès (Wi-Fi, box, téléphones…).
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Protéger aussi la santé physique (vision, posture).
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Intégrer l’impact environnemental dans la conception des services numériques.
Fiche pratique : Technologies
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Filtres universels par défaut (à l’échelle nationale).
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Équipements numériques conçus avec normes de santé.
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Audit écologique des services numériques.
Axe 3 – Instaurer une progressivité des usages selon l’âge
Objectif : Ne plus « lâcher » les enfants seuls face aux écrans.
Âge | Recommandations |
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0-3 ans | Zéro écran. Aucun usage. |
3-6 ans | Usage très limité, accompagné, avec contenus éducatifs. |
6-11 ans | Pas de smartphone, exposition modérée, activités diversifiées. |
11-13 ans | Téléphone sans accès Internet recommandé. |
13-15 ans | Smartphone connecté, sans réseaux sociaux. |
15 ans + | Accès possible à des réseaux sociaux éthiques. |
Fiche pratique : Parcours numérique
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Repères d’âge à actualiser selon l’évolution des connaissances.
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À intégrer dans les politiques éducatives locales et nationales.
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Attention à l’usage d’outils comme Pronote et ENT : limiter les notifications.
Axe 4 – Former, accompagner, sensibiliser
Objectif : Éduquer les jeunes à un usage raisonné et critique.
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Intégrer la littératie numérique dans tous les niveaux scolaires.
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Désigner des adultes référents numériques accessibles dans et hors école.
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Lutter contre l’isolement, renforcer le lien humain.
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Développer des alternatives attractives aux écrans (sport, culture, jeux…).
Fiche pratique : Éducation
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Modules dès l’école primaire : usage, sécurité, esprit critique.
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Activités extrascolaires non numériques à valoriser.
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Programmes spécifiques pour limiter les effets sur sommeil et sédentarité.
Axe 5 – Responsabiliser les adultes
Objectif : Outiller les parents, enseignants, éducateurs.
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Former les professionnels (enseignants, éducateurs, bénévoles).
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Développer l’aide à la parentalité numérique (guides, formations, ateliers).
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Encourager des rituels de déconnexion.
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Respecter la vie privée des parents (limiter le travail en ligne le soir).
Fiche pratique : Adulte « exemplaire »
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Zones « déconnectées » à la maison (repas, chambre…).
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Défis collectifs (week-end sans écran).
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Communication parent-enfant régulière autour des usages.
Axe 6 – Mettre en place une stratégie nationale et durable
Objectif : Créer un cadre fort et cohérent, à l’échelle de l’État.
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Créer un Observatoire national des usages numériques des mineurs.
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Instaurer un Conseil de la prospective (enjeux IA, techno…).
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Mettre en place un financement indépendant (principe du pollueur-payeur).
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Lancer une campagne de communication grand public sur les enjeux.
Fiche pratique : Gouvernance
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Observer, mesurer, ajuster les politiques.
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Garantir l’indépendance des financements (pas d’influence des GAFAM).
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Éduquer massivement le grand public, avec des messages clairs, réguliers, et visibles.
Conclusions
Les 29 propositions de la Commission forment un système cohérent :
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Elles ne doivent pas être choisies « à la carte ».
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Elles reposent sur la responsabilité collective, et pas uniquement celle des familles.
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L’ambition est de redonner du temps, de la liberté et de l’humanité à l’enfance et l’adolescence.
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L’objectif final : bâtir une stratégie transpartisane, à long terme, pour une jeunesse épanouie et protégée dans un monde numérique.