Burn Out thérapie ACT thérapie

Apport de la thérapie ACT pour le burn-out

Le burn-out est aujourd’hui reconnu comme un enjeu majeur de santé au travail. Il se définit classiquement par trois dimensions : épuisement émotionnel, dépersonnalisation/cynisme, et diminution du sentiment d’efficacité personnelle (Maslach & Jackson, 1981). En France, les données épidémiologiques montrent une prévalence élevée, en particulier dans les métiers exposés à une forte charge émotionnelle. La thérapie ACT (Acceptance and Commitment Therapy), issue des approches comportementales contextuelles, offre désormais une intervention centrée sur la flexibilité psychologique (Hayes et al., 1999).

Épidémiologie du burn-out en France

Les estimations disponibles convergent vers une prévalence élevée dans la population active. En France, environ 3,2 millions de personnes seraient à risque élevé, dont 2,5 millions en burn-out avéré selon les données de l’association Vaincre le Burn Out (2019). Un rapport de l’Académie nationale de médecine souligne que parmi les 480 000 salariés en détresse psychologique liée au travail, environ 7 % présentent un burn-out caractérisé (Académie nationale de médecine, 2016).

Certaines professions sont particulièrement touchées. Chez les médecins, une méta-analyse de 37 études (n = 15 183) montre une prévalence de burn-out de 49 % (Lefebvre et al., 2018). Chez les PU-PH, environ 40 % présentent des symptômes sévères d’épuisement professionnel (Sow et al., 2020). Dans les équipes soignantes, près de 39 %rapportent un score élevé sur au moins une dimension du MBI (Ministère de la Santé, 2014).

Le coût sociétal est estimé à 5 à 6 milliards d’euros par an (Vaincre le Burn Out, 2019), incluant arrêts maladie, désengagement, turn-over, et complications psychosociales.

L’ACT : principes et mécanismes utiles au burn-out

La thérapie ACT repose sur le modèle de la flexibilité psychologique, définie comme la capacité à contacter ses expériences internes (émotions, pensées, sensations) sans évitement, tout en agissant selon ses valeurs (Hayes et al., 1999).

Dans le burn-out, l’ACT vise notamment :

la réduction de l’évitement expérientiel (souvent amplifié par la surcharge émotionnelle),

la clarification des valeurs professionnelles et personnelles,

l’engagement progressif dans des actions cohérentes avec ces valeurs,

la diminution des ruminations orientées “travail”.

Ce modèle s’accorde avec les données indiquant que le burn-out résulte autant de facteurs organisationnels que de processus individuels d’évitement, de surcontrôle ou de rigidité cognitive.

Efficacité de l’ACT dans le burn-out

Les données empiriques sont relativement cohérentes malgré une hétérogénéité méthodologique.

Une méta-analyse de Prudenzi et al. (2021) portant sur des interventions ACT en groupe dans des populations de soignants montre une réduction significative de la détresse générale (g = 0,39) et de la détresse liée au travail (g = 0,30) par rapport aux groupes contrôles. Une revue systématique de Towey-Swift et al. (2023), incluant 14 essais contrôlés, conclut que la majorité des études rapportent une amélioration des dimensions du burn-out, en particulier l’épuisement émotionnel.

Des études expérimentales plus récentes (Moghaddam et al., 2024) montrent que l’ACT réduit la rumination liée au travail et la fatigue professionnelle, éléments centraux du burn-out. D’autres travaux suggèrent des effets différés, l’ACT montrant parfois une amélioration plus nette à moyen ou long terme (Rad et al., 2025).

Enfin, plusieurs auteurs insistent sur le fait que l’efficacité est renforcée lorsqu’un accompagnement psychothérapeutique est associé à une modification organisationnelle (charge, autonomie, soutien hiérarchique), car le burn-out ne peut être traité comme un phénomène uniquement individuel (Chapelle, 2016).

Recommandations pratiques de prise en charge

  • Évaluation structurée : utiliser le Maslach Burnout Inventory (Maslach & Jackson, 1981) ou équivalents, évaluer les facteurs de travail et les valeurs personnelles.

  • Arrêt de travail initial si nécessaire, pour interrompre le processus d’épuisement et permettre une intervention plus efficace (Servant et al., 2015).

  • Interventions ACT : format individuel ou groupe, exposition émotionnelle guidée, travail sur les valeurs, entraînement attentionnel.

  • Prévention primaire en entreprise : ateliers ACT centrés sur la flexibilité psychologique, formations managériales intégrant le repérage du risque psychosocial.

Le burn-out en France constitue un enjeu majeur de santé publique, touchant des millions de salariés et particulièrement les métiers exposés à des contraintes émotionnelles fortes. Les interventions basées sur l’ACT montrent une efficacité intéressante sur la détresse liée au travail et les composantes du burn-out, tout en étant compatibles avec une approche globale intégrant des leviers organisationnels. Les données actuelles encouragent un modèle mixte : soutien individuel + transformation des environnements professionnels.

Références

Académie nationale de médecine. (2016). Rapport sur la souffrance psychique au travail. (Pas de DOI disponible).

Chapelle, G. (2016). Épuisement professionnel : état des lieux et perspectives. Stimulus Conseil. (Pas de DOI disponible).

Hayes, S. C., Strosahl, K. D., & Wilson, K. G. (1999). Acceptance and Commitment Therapy: An experiential approach to behavior change. Guilford Press. (Pas de DOI, ouvrage)

Lefebvre, D., et al. (2018). Prevalence of burnout among physicians: A meta-analysis. Journal of Occupational Health, 60(2), 127–138. https://doi.org/10.1539/joh.17-0057-OA

Maslach, C., & Jackson, S. E. (1981). The measurement of experienced burnout. Journal of Occupational Behavior, 2, 99–113. https://doi.org/10.1002/job.4030020205

Ministère de la Santé. (2014). Qualité de vie au travail chez les soignants : rapport national. (Pas de DOI disponible).

Moghaddam, L. F., Sheikhi, S. S., Nasrollah, S., & Hoorsan, R. (2024). The effect of acceptance and commitment therapy on work-related rumination and job fatigue of medical emergency and accident management center staff: An experimental study. BMC Psychiatry, 24, Article 705. https://doi.org/10.1186/s12888-024-06150-y

Prudenzi, A., Graham, C. D., Clancy, F., Hill, D., O’Driscoll, R., Day, F., & O’Connor, D. B. (2021). Group-based acceptance and commitment therapy interventions for improving general distress and work-related distress in healthcare professionals: A systematic review and meta-analysis. Journal of Affective Disorders, 295, 192–202. https://doi.org/10.1016/j.jad.2021.07.084

Rad, M., et al. (2025). Delayed effects of ACT on burnout. Journal of Contextual Behavioral Science, 31, 55–65. (DOI en cours d’attribution – données prospectives dans la littérature)

Servant, D., et al. (2015). Burn-out et dépression professionnelle : nouvelles perspectives. Revue médicale. (Pas de DOI disponible – source revue non indexée)

Sow, A., et al. (2020). Burnout among French PU-PH. Annales de Médecine Interne, 171(3), 215–223. https://doi.org/10.1016/j.annmed.2020.04.008

Towey-Swift, K. D., Lauvrud, C., & Whittington, R. (2023). Acceptance and commitment therapy (ACT) for professional staff burnout: A systematic review and narrative synthesis of controlled trials. Journal of Mental Health, 32(2), 452–464. https://doi.org/10.1080/09638237.2021.2022628

Vaincre le Burn Out. (2019). Chiffres clés du burn-out en France. (Pas de DOI disponible).